C’est la saison de la galette, paraît-il, en ce moment (enfin, quand j’ai écrit ce billet…). Je n’avais pas remarqué un changement de temps particulier, mais, c’est vrai, en quelques jours, les vitrines des boulangers se sont trouvées envahies de galettes, des publicités de galettes ont fleuri un peu partout dans les rues et j’ai même reçu un mail
de Monoprix pour me dire que c’était l’heure de la galette et que ça tombait bien, ils en avaient des beurrées et drôlement craquantes.
En fait, c’est un peu comme si toute la nature s’était tout à coup mise à me crier dans les oreilles que : bye bye le Beaujolais, bienvenue la galette !
Mais ce changement de saison n’était pas pour me déplaire, rassurez-vous !
D’abord, j’ai assez peu apprécié le Beaujolais cette année (comme les 5 ou 6 années précédentes en fait) (voire toutes les années précédentes).
Ensuite, je suis extrêmement sensible à l’enjeu associé à cette composition culinaire, au pouvoir attractif de la fève, bref, plus simplement au challenge-de-la-galette.
A tel point qu’étant petite, j’étais capable de me resservir 3, 5, 10 fois en galette (il existait alors de très grandes galettes car les familles comptaient facilement entre 1000 et 1500 membres), jusqu’à temps que la fève sorte, après quoi je déclinais systématiquement – mais toujours très poliment – toute proposition de nouvelle part, dans un brusque élan vers le lit le plus proche pour y agoniser, douloureusement, étendue sur le ventre.
Et enfin – c’est peut-être très old régime et pas du tout Iphone 5 mais tant pis – je suis très attachée aux traditions, surtout quand elles se mangent, et en l’occurrence, la galette, c’est une tradition vieille comme Hérode (ou presque) qui a d’ailleurs été célébrée par Renoir himself (cf. Le Moulin de la galette).
Pour toutes ces raisons, chaque année, je ne manque pas d’organiser moult galettes parties avec les personnes qui me sont chères, pour voir si j’aurai plus de chance qu’elles en remportant la fève et si je pourrai me pavaner avec ma couronne en strass en leur disant que l’essentiel c’est de participer. Cette année, ma première galette party a été réservée à Aude et Ninon, deux amies qui, je le savais, étaient bien trop attachées aux traditions, elles aussi, pour bouder ce dessert.
Comme Aude était la plus jeune, nous lui avons demandé de fermer les yeux quand j’ai coupé la galette (nous lui avons épargné d’aller sous la table à cause de la saleté) et puis elle a dit que Ninon devait prendre la première part, moi la deuxième, elle la dernière.
Et je ne sais pas comment elle s’est débrouillée, mais, comme par hasard, c’est elle qui a eu la fève.
Est-ce qu’elle avait tâté la galette avant ? Est-ce qu’elle avait placé un micro émetteur dans la part contenant la fève ? Est-ce qu’elle a carrément des dons de voyance de fève ?
Je ne le saurai sans doute jamais….
Mais, toujours est-il que, bonne joueuse, lui laissant le bénéfice du doute en attendant que les remords la conduisent un jour à avouer sa tricherie, je lui ai remis sa fève et sa couronne avant de la féliciter (pour la forme).
Bien sûr, sur le coup, ma bouchée de galette m’est un peu restée en travers de la gorge.
Mais heureusement, comme la frangipane était vraiment très très savoureuse, ça ne m’a pas gênée trop longtemps !